Il est aisé de sentir combien ces dernières expériences sont éversives de l’opinion de
M. Priestley sur la phlogistication de l’air par la combustion ; en effet, si, comme le
prétend ce célèbre physicien, la combustion avait la propriété de phlogistiquer l’air, il
devrait se former d’autant plus d’air phlogistiqué que la quantité de matière brûlée
aurait été plus considérable ; or, à volume égal d’air, la combustion est presque
quadruple dans l’air pur que dans l’air atmosphérique ; il devrait donc se former
quatre fois plus d’air phlogistiqué, tandis qu’au contraire on en obtient neuf fois
moins ; la disproportion de ce qu’on a avec ce qu’on devrait avoir, suivant l’opinion de
M. Priestley, est donc dans le rapport de 1 à 36.
Enfin le résidu que laisse la combustion du phosphore, et surtout du pyrophore, dans
l’air pur ou air éminemment respirable, est moindre encore que celui qui reste après
la combustion des lumières, et on pourrait presque dire qu’il est nul, tandis que, dans
l’opinion de M. Priestley, il devrait être plus considérable : il est donc faux que ce soit à
l’émanation du phlogistique qu’on doive attribuer la formation de l’air méphitique que
laisse après la combustion l’air de l’atmosphère ; donc cette partie méphitique de l’air
existait avant la combustion, comme je l’ai avancé.
Pour récapituler les principaux faits qui paraissent prouvés par les expériences
précédentes, il me parait bien établi :
1° Que la mofette atmosphérique qui entre pour les trois quarts dans la composition
de l’air de l’atmosphère ne contribue pour rien aux phénomènes de la combustion ;
2° Que la combustion n’a d’action que sur la portion d’air pur, celle que M. Priestley a
nommée air déphlogistiqué, laquelle entre pour un quart dans la composition
de l’air de l’atmosphère ;
3° Que deux cinquièmes seulement de cet air pur sont convertis en acide crayeux
aériforme par la combustion des chandelles, et que les trois autres cinquièmes
restent unis à la mofette atmosphérique, sans que la combustion ait la force de les en
séparer ;
4° Que le phosphore a une force combustible beaucoup plus considé-[considérable]
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