qu’à rendre compte des phénomènes que présente la combustion des chandelles
dans l’air éminemment respirable ; ces expériences me fourniront encore de
nouvelles armes contre la supposition gratuite de la phlogistication de l’air.
J’ai introduit une bougie allumée sous une cloche de cristal remplie d’air pur, tiré du
mercure précipité rouge ; cette cloche était plongée dans un bassin de mercure : la
combustion s’est faite avec une vive lumière, avec une flamme très-élargie, et avec
tous les phénomènes décrits par M. Priestley ; la chaleur, pendant la combustion, a
été si grande, qu’une portion d’air a passé par-dessous les bords de la cloche, et
s’est échappée ; mais cette quantité n’a pas été fort considérable. Lorsque la lumière
a été éteinte, j’ai laissé refroidir les vaisseaux, et j’ai introduit une couche d’alcali fixe
caustique sur la surface du mercure : aussitôt l’air fixe ou acide crayeux aériforme a
été absorbé, et j’ai reconnu par cette épreuve que les deux tiers de l’air pur avaient été
convertis, par la combustion, en acide crayeux aériforme ; mais ce qui m’a paru plus
intéressant, c’est que le tiers restant, après l’absorption de l’acide crayeux aériforme
par l’alcali caustique, était encore de l’air presque pur ; ayant fait passer cet air sous
une cloche plus petite, j’y ai fait brûler de nouveau une bougie ; elle y a donné une
flamme élargie, la moitié de l’air environ a été convertie en acide crayeux aériforme, et
a été absorbée par l’alcali caustique, et ce qui restait était encore à peu près du
même degré de bonté que l’air commun.
Il suit de là que, lorsqu’on introduit une bougie dans une cloche qui contient cent
parties d’air pur, ou air éminemment respirable, soixante-six parties sont converties
en air fixe ou acide crayeux, que des trente-quatre parties restantes, vingt et une un
quart sont encore dans l’état d’air pur, et susceptibles d’être converties en acide
crayeux aériforme ; enfin qu’il ne reste des cent parties que douze trois quarts, c’est-à-
dire, environ un huitième d’un air qui éteint les lumières sans précipiter l’eau de
chaux, et qui paraît être une portion de mofette atmosphérique que contenait l’air pur
ou déphlogistiqué ; sans doute cette portion est d’autant moindre que l’air était plus
pur.
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