l’école de Mézières, avec un appareil très-exact et les attentions les plus
scrupuleuses, quelques personnes ont cru pouvoir attribuer l’eau qui provient de cette
opération à l’humidité dissoute par les airs, et privée de soutien au moment de leur
combustion. Mais, sans parler du peu de proportion d’une cause aussi légère avec la
quantité d’eau dont il faut expliquer l’origine, si les airs eux-mêmes n’y entraient pour
rien, il resterait à trouver quel est le produit réel de leur combustion, et, puisque, en en
brûlant des volumes considérables, on n’obtient autre chose que cette eau très-pure
qu’on voit couler de toutes parts, il s’ensuit que, même en admettant une erreur
grossière dans la comparaison du poids des airs avec celui de l’eau qui se
manifeste, l’explication qu’on vient de rappeler serait encore sujette aux difficultés les
plus fortes. C’est, au reste, la multitude des faits, bien plutôt que le raisonnement, qui
doit établir toute espèce de théorie nouvelle, et c’est la voie que nous avons prise
dans le travail dont nous allons rendre compte ; il est le fruit des recherches récentes
auxquelles M. Lavoisier et moi avons eu occasion de nous livrer sur la production de
l’air inflammable, et, voyant déjà tant de raisons de croire que c’est dans l’eau que la
nature a déposé tout celui dont elle fait usage pour ses diverses combinaisons, ayant
éprouvé qu’en le tirant des corps plus composés, il est toujours altéré par le mélange
des substances qui servaient à le fixer, nous ne pouvions être mieux conduits à le
chercher directement dans ce fluide si abondant.
La question qu’il s’agissait de résoudre était donc de décomposer l’eau, en lui
présentant des intermèdes capables de s’unir à l’un de ses principes constituants, et
tendant à cette union avec une force supérieure à celle qui lie ces principes entre eux ;
et, puisqu’il était si naturel de penser qu’outre l’air inflammable l’eau contient encore
l’air déphlogistiqué que nous avions vu contribuer à sa formation, il fallait chercher à
en séparer ce dernier par le moyen des corps avec lesquels on lui connaît une grande
affinité : c’était donc parmi les corps combustibles et les métaux calcinables que nous
pouvions espérer de trouver les agents propres à opérer cette décomposition.
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