M. Lavoisier, conduit par ces principes, avait déjà tenté un mélange dont il rendit
compte dans le mémoire que je viens de citer, et avait réussi par ce moyen à obtenir
de l’air inflammable. De la limaille de fer et de l’eau, mises en petite quantité dans la
partie supérieure d’une cloche pleine de mercure n’avaient pas tardé à laisser
dégager ce fluide aériforme, qui, au bout de quelques jours, devint assez abondant
pour en essayer la combustion, et le fer, calciné alors, annonçait une absorption d’air
déphlogistiqué, qu’il ne pouvait avoir tiré que de l’eau dans laquelle il était plongé.
Cette expérience, dans laquelle M. Lavoisier avait opéré une vraie décomposition de
l’eau, n’était cependant pas exempte de toute difficulté, et, quoiqu’il eût employé de
l’eau distillée, la petitesse du volume de l’air inflammable ainsi obtenu pouvait peut-
être donner encore lieu aux objections qu’on a établies sur la supposition où cette eau
n’eût pas été parfaitement pure. Il manquait en effet quelque chose à ce procédé, et,
puisque la matière du feu paraît un élément si essentiel à la formation de tous les
fluides élastiques, qu’elle est presque toujours absorbée dans les expériences qui en
produisent, et dégagée quand ils se condensent ; puisque surtout il s’en fait une
production si considérable lorsque les deux airs qui constituent l’eau la reforment par
leur combustion, et qu’enfin les métaux calcinables, de même que les combustibles,
ne deviennent sensiblement altérables par l’air déphlogistiqué qu’à l’aide d’une
température très-élevée, il n’est pas étonnant qu’une opération dans laquelle on
n’employait d’autre chaleur que celle de l’atmosphère eût un effet si lent et si peu
marqué. La décomposition de l’eau exige donc, pour se faire rapidement, le concours
d’une chaleur considérable, et c’est une condition principale que nous avions à
remplir ; mais la difficulté de donner à l’eau une chaleur au-dessus du degré de son
ébullition était encore un obstacle à nos vues, et ce n’est qu’en la prenant déjà réduite
en vapeurs, que nous avons pu la porter jusqu’à l’état d’incandescence auquel nous
présumions qu’il était nécessaire de l’amener.
D’après ces considérations, l’appareil nécessaire se présente de lui-
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