MÉMOIRE
OÙ L’ON PROUVE, PAR LA DÉCOMPOSITION DE L’EAU,
QUE CE FLUIDE N’EST POINT UNE SUBSTANCE SIMPLE, ET QU’IL Y A PLUSIEURS
MOYENS
D’OBTENIR EN GRAND L’AIR INFLAMMABLE
QUI Y ENTRE COMME PRINCIPE CONSTITUANT,
PAR MM. MEUSNIER ET LAVOISIER (1).
Depuis qu’on connaît l’expérience dans laquelle un mélange d’air inflammable et d’air
déphlogistiqué, fait suivant les proportions convenables, ne produit, en brûlant, que de
l’eau très-pure, à peu près égale en poids à celui des deux airs réunis, il était difficile
de ne pas reconnaître dans cette production d’eau une preuve presque évidente que
ce fluide, mis de tout temps au rang des substances simples, est réellement un corps
composé, et que les deux airs du mélange desquels il résulte en fournissent les
principes constituants. M. Lavoisier en tira cette conséquence dans un mémoire qu’il
lut à la dernière séance publique de cette Académie, en annonçant avec M. de Laplace
qu’ils avaient les premiers obtenu ainsi une quantité d’eau assez considérable pour
la soumettre à quelques épreuves chimiques ; et, en admettant quelque exactitude
dans la détermination du poids des airs employés dans cette expérience, on ne voit
pas comment il serait possible de l’infirmer : on a cependant élevé des doutes sur
cette réduction entière de deux fluides aériformes en eau, et, malgré les soins
apportés par M. Lavoisier, pour assurer, autant qu’il est possible, la précision d’une
expérience aussi délicate ; malgré la conformité du résultat obtenu à peu près en
même temps par M. Monge, dans le laboratoire de
(1) Lu le 21 avril 1784. (Mémoires de l’Académie des sciences année 1781, p.
269.)
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