rien perdre, ni de son poids, ni de son poli. L’événement a justifié le motif qui nous
avait mis la plume à la main, puisque la publication de nos expériences a donné lieu
à un excellent ouvrage de MM. Rouelle et Darcet sur le même objet ; mais, en même
temps, nous n’avions pas lieu de présumer qu’on nous ferait un crime, dans cet
ouvrage, de l’empressement que nous avions témoigné, qu’on nous rendrait
responsables des conséquences, peut-être un peu trop étendues, que les papiers
publics avaient tirées de nos expériences ; enfin, qu’en confirmant de la manière la
plus formelle les faits que nous avions avancés, on prendrait le ton de la critique, et
qu’on aurait l’air de nous réfuter, en disant les mêmes choses que nous. Ces légères
contradictions, au surplus, ne font qu’une bien médiocre impression sur ceux qui
n’ont véritablement en vue que l’avancement de la science, et qui ne courent point
après la célébrité, mais après la vérité ; la critique ne ralentit point leur zèle ; ils
écartent les mots et ne voient que les faits ; ils ne répondent pas, mais ils continuent
de marcher vers le but, et ils n’admirent pas moins leurs adversaires, lors même
qu’ils ont sujet de se plaindre d’eux.
Comme le mémoire que nous lûmes à l’Académie, le 29 avril 1772, n’était qu’une
simple annonce, et qu’il n’a paru que dans quelques ouvrages périodiques, je vais,
avant de passer aux faits nouveaux dont je me propose de faire part à l’Académie, en
rapporter ici la substance, et y joindre quelques détails historiques sur les
expériences qui l’ont précédé ou qui l’ont suivi. On ne doit pas perdre de vue que le
premier mémoire était le fruit d’un travail commun entre MM. Macquer, Cadet et moi ;
une partie des expériences dont je vais rendre compte aujourd’hui ont encore été
faites en société avec eux ; pour leur rendre ce que je leur dois, j’avertirai, dans la
suite de ce mémoire, des expériences qui me sont propres, et je nommerai dans les
autres ceux qui ont bien voulu y concourir.
De tout temps les hommes ont attaché l’idée de perfection à tout ce qui était rare et
précieux, et ils se sont persuadé que ce qui était cher, hors de leur portée et difficile Ã
obtenir, devait réunir les plus
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