SUR LA DESTRUCTION DU DIAMANT
PAR LE FEU (1).
PREMIER MÉMOIRE.
La marche de l’expérience est si lente, qu’un physicien qui voudrait attendre, pour
publier le résultat de ses travaux, qu’il en fût entièrement satisfait, risquerait d’arriver
au bout de sa carrière sans avoir rempli la tâche qu’il s’était imposée, et sans avoir
rien fait pour les sciences et pour la société. Il faut donc avoir le courage de donner
des choses imparfaites, de renoncer au mérite d’avoir fait tout ce qu’on pouvait faire,
d’avoir dit tout ce qu’on pouvait dire, enfin savoir sacrifier son amour-propre au désir
d’être utile et d’accélérer le progrès des sciences.
Nous étions animés de ces principes, MM. Macquer, Cadet et moi, lorsque nous
annonçâmes, à la séance publique de cette Académie, du 29 avril 1772, quelques
observations singulières que nous avions faites sur le diamant : il en résultait que la
destruction du diamant à l’air libre, opérée par le grand-duc de Toscane, répétée
depuis et confirmée par MM. Darcet, Rouelle, Macquer et Roux, n’était pas une
véritable volatilisation, comme on l’avait conclu ; que cette substance singulière,
garantie du contact de l’air et surtout enveloppée de poudre de charbon, pouvait
supporter un degré de feu beaucoup plus violent que celui qui est nécessaire pour
l’évaporer à l’air libre, sans
(1) Mémoires de l’Académie des sciences, année 1772, partie 2è, p. 564.
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