Boyle prouva, par de nouvelles expériences, la vérité de l’augmentation réelle du poids
des métaux calcinés ; mais les physiciens parurent longtemps négliger un
phénomène si extraordinaire, ou seulement s’en ressouvenir de loin à loin ;
cependant quelques-uns, et entre autres le P. Béraud, correspondant de l’Académie,
tentèrent de l’expliquer par l’addition de l’air ; mais cette idée, qui n’était encore qu’une
vue ingénieuse, avait besoin d’être prouvée par des expériences directes, et c’est
l’objet du mémoire de M. Lavoisier.
Des expériences rapportées dans ses Opuscules physiques et chimiques, et dont il
résultait que les métaux, calcinés sous une cloche avec une lentille, avaient augmenté
de poids, tandis que l’air contenu sous cette cloche avait diminué d’une quantité à peu
près égale en poids, auraient pu paraître une preuve suffisante de cette théorie ; mais
les physiciens sont devenus difficiles en preuves, à force d’avoir été obligés de
reconnaître les erreurs où ils avaient été entraînés pour s’être rendus trop faciles. M.
Lavoisier a donc voulu mettre cette vérité hors de doute ; il a calciné de l’étain dans
des cornues fermées hermétiquement, après avoir pesé avec exactitude l’étain et la
cornue ; il a vu qu’au bout d’un certain temps la calcination s’arrêtait, et qu’en
continuant le feu il ne pouvait plus parvenir à calciner aucune partie d’étain ; alors il a
cessé son opération, et, pesant ensuite la cornue avant de la rouvrir, il a trouvé que le
poids total n’avait pas changé ; ouvrant enfin sa cornue, il a pesé l’étain, qu’il a trouvé
augmenté de quelques grains, la cornue, pesée à part, avait le même poids qu’avant
l’opération : l’augmentation réelle du poids de l’étain s’était donc faite absolument aux
dépens de l’air renfermé dans la cornue, puisque le poids total, ainsi que le poids de
la cornue, n’avait point changé. La calcination des métaux n’est donc pas seulement
la séparation de leur phlogistique d’avec leur terre ; cette calcination est
accompagnée d’une nouvelle combinaison de leur terre avec l’air ; l’air, regardé
longtemps dans cette opération comme un agent nécessaire, mais purement
mécanique, y devient nécessaire comme agent chimique ; il est l’intermède qui, en se
combinant avec la terre métallique, en dégage le phlogistique : telle
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