ANALYSE DU MÉMOIRE
SUR
L’AUGMENTATION DU POIDS DES MÉTAUX
PAR LA CALCINATION (1).
L’éditeur croit nécessaire de placer ici l’analyse de l’important mémoire de Lavoisier
qui porte ce titre, telle qu’on la trouve dans l’Histoire de l’Académie.
On y verra comment, dès cette époque, la partie historique de la question était
comprise, et aussi quelle circonspection on portait alors à accepter des conclusions
contraires à la théorie de Stahl.
On sait depuis longtemps que les métaux, en se calcinant, augmentent réellement de
poids ; cette augmentation est même si considérable dans quelques métaux, dans le
plomb, par exemple, que les ouvriers qui préparent les différentes chaux de plomb ont
pu s’en apercevoir aisément, et que cette observation a dû être, pendant quelque
temps, pour eux, un secret utile. Jean Rey, médecin, qui vivait à la fin du XVIe siècle,
avait expliqué ce phénomène en imaginant que l’air, en s’unissant aux chaux
métalliques, était la cause de cette augmentation de poids ; il en a été de cette idée
comme de beaucoup d’autres aussi ingénieuses et aussi vraies, qu’on trouve dans
les écrivains des siècles d’ignorance (car le génie est de tous les siècles), mais qui,
par le défaut de preuves, par le voisinage des erreurs auxquelles elles sont mêlées,
par leur opposition avec les principes de la philosophie alors en usage, ont été
oubliées, et qu’on ne reconnaît dans leurs premiers auteurs, que lorsque, s’étant
présentées de nouveau à d’autres savants et ayant été plus développées, il est
devenu facile de les apercevoir.
(1) Histoire de l’Académie des sciences, année 1774, p. 20.
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