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Mémoires > LAVOISIER, Mémoires présentés à l'Assemblée de l'Orléanais, 1893 (1788).
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prendre que vous avez dans les mains les moyens de lever presque tous les 
obstacles qui s'opposent à ses progrès.

Des calculs très ingénieux, et dont les résultats peuvent être regardés comme des 
approximations assez exactes, établissent que, tandis qu'en Angleterre chaque mille 
carré produit 48,000 livres, une même superficie ne produit, en France, que 18,000 
livres. Cette énorme différence tient principalement à ce que les jachères sont en 
pleine valeur dans la majeure partie de l'Angleterre, tandis qu'elles ne le sont que 
dans une très petite portion des provinces de France, et à quelques autres causes qui 
vous seront bientôt indiquées.

Des calculs analogues, faits sur la consommation des individus, donnent aussi des 
résultats très différents. Ils prouvent que la somme des consommations qui se font en 
Angleterre est presque double de celles qui se font en France, à proportion de la 
population et de l'étendue territoriale. Or, si la consommation est double, la production 
territoriale est nécessairement double, puisque, dans un pays qui exporte plus qu'il ne 
tire de l'étranger, il faut que ce qui se consomme tous les ans se reproduise tous les 
ans.

Ce serait en vain qu'on voudrait chercher, dans la différence de bonté du sol, la cause 
de l'énorme disproportion qui existe entre la production territoriale de la France et celle 
de l'Angleterre. Le sol de la France, en général, vaut au moins celui de l'Angleterre, et 
elle a de plus qu'elle des genres de production qui lui appartiennent exclusivement, 
tels que la soie, les vins, les huiles, etc. Cette disproportion ne tient pas non plus à la 
différence du génie des deux nations. La nation française n'a ni moins de courage, ni 
moins d'invention que la nation anglaise ; elle n'est pas moins propre qu'elle à toute 
espèce d'art ou d'industrie. Osons le dire ; Messieurs : cette disproportion tient 
principalement à la forme de nos antiques institutions. Depuis des siècles, la nation 
française gémit sous le joug d'une imposition accablante, dont le nom seul, la taille, 
rappelle des idées affligeantes. Cette imposition arbitraire, qui varie du double au 
simple, d'une province, d'une élection à une autre, et qui croît dans une proportion 
quelquefois plus

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