dissement que nous ne puissions supposer susceptible d'être augmenté, il en
résulte que nous n'avons pas encore pu parvenir à rapprocher, le plus qu'il est
possible, les molécules d'aucun corps, et que, par conséquent, les molécules
d'aucun corps ne se touchent dans la nature ; conclusion très-singulière, et à laquelle
cependant il est impossible de se refuser.
On conçoit que les molécules des corps étant ainsi continuellement sollicitées par la
chaleur à s'écarter les unes des autres, elles n'auraient aucune liaison entre elles, et
qu'il n'y aurait aucun corps solide, si elles n'étaient retenues par une autre force qui
tendit à les réunir, et pour ainsi dire à les enchaîner, et cette force, quelle qu'en soit la
cause, a été nommée attraction.
Ainsi les molécules des corps peuvent vitre considérées comme obéissant à deux
forces, l'une répulsive, l'autre attractive, entre lesquelles elles sont en équilibre. Tant
que la dernière de ces forces, l'attraction, est victorieuse, le corps demeure dans l'état
solide ; si, au contraire, l'attraction est la plus faible, si la chaleur a tellement écarté les
unes des autres les molécules du corps, qu'elles soient hors de la sphère d'activité
de leur attraction, elles perdent l'adhérence qu'elles avaient entre elles, et le corps
cesse d'être un solide.
L'eau nous présente continuellement un exemple de ces phénomènes : au-dessous
de zéro du thermomètre français, elle est dans l'état solide et elle porte le nom de
glace ; au-dessus de ce même terme, ses molécules cessent d'are retenues par leur
attraction réciproque, et elle devient ce qu'on appelle un liquide ; enfin, au-dessus de
80 degrés, ses molécules obéissent à la répulsion occasionnée par la chaleur ; l'eau
prend l'état de vapeur ou de gaz, et elle se transforme en un fluide aériforme.
On en peut dire autant de tous les corps de la nature : ils sont ou solides ou liquides,
ou dans l'état élastique et aériforme, suivant le rapport qui existe entre la force
attractive de leurs molécules et la force répulsive de la chaleur, ou, ce qui revient au
même, suivant le degré de chaleur auquel ils sont exposés.
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