sont brunes parce qu'elles contiennent un peu de charbon presque libre, mais elles
deviennent blanches par la rectification. Le carbone tient si peu à ces combinaisons,
qu'il s'en sépare par leur simple exposition à l'air. Si on place une huile volatile
animale bien rectifiée, et par conséquent blanche, limpide et transparente, sous une
cloche remplie de gaz oxygène, en peu de temps le volume du gaz diminue et il est
absorbé par l'huile. L'oxygène se combine avec l'hydrogène de l'huile pour former de
l'eau, qui tombe au fond ; en même temps la portion de charbon qui était combinée
avec l'hydrogène devient libre et se manifeste par sa couleur noire. C'est par cette
raison que ces huiles ne se conservent blanches et claires qu'autant qu'on les
enferme dans des flacons bien bouchés, et qu'elles noircissent dès qu'elles ont le
contact de l'air.
Les rectifications successives de ces mêmes huiles présentent un autre phénomène
confirmatif de cette théorie. A chaque fois qu'on les distille, il reste un peu de charbon
au fond de la cornue ; en même temps il se forme un peu d'eau par la combinaison
de l'oxygène de l'air des vaisseaux avec l'hydrogène de l'huile. Comme ce même
phénomène a lieu à chaque distillation de la même huile, il en résulte qu'au bout d'un
grand nombre de rectifications successives, surtout si on opère à un degré de feu un
peu fort, et dans des vaisseaux d'une capacité un peu grande, la totalité de l'huile se
trouve décomposée, et l'on parvient à la convertir entièrement en eau et en charbon.
Cette décomposition totale de l'huile, par des rectifications répétées, est beaucoup
plus longue et beaucoup plus difficile, quand on opère avec des vaisseaux d'une
petite capacité, et surtout à un degré de feu lent et peu supérieur à celui de l'eau
bouillante. Je rendrai compte à l'Académie, dans un mémoire particulier, du détail de
mes expériences sur cette décomposition des huiles ; mais ce que j'ai dit me paraît
suffire pour donner des idées précises de la constitution des matières végétales et
animales, et de leur décomposition par le feu.
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