RAPPORT
SUR LE ROUISSAGE.
Du 3 septembre 1788.
La commission intermédiaire de l'assemblée provinciale de l'Île-de-France a consulté
l'Académie, par une lettre du 24 avril dernier, sur une sentence de la maîtrise des eaux
et forêts de Paris, du 15 octobre 1784, qui défend à tout particulier de faire rouir des
chanvres dans des mares qui communiquent par en haut et par en bas à la rivière et
où il puisse s'établir une eau courante, et qui les autorise seulement à en tirer des
filets d'eau pour alimenter les routoirs, sans que cette eau puisse jamais regorger
dans les rivières.
La communauté de Saint-Martin d'Étampes se plaint des dispositions de cette
sentence et du tort qu'elle fait à la culture et à la préparation des chanvres, culture
précieuse par les avantages multipliés qu'elle procure aux habitants de la campagne,
et surtout par les occupations qu'elle ménage aux femmes, aux enfants et même aux
hommes pour l'hiver, saison pendant laquelle les travaux de l'agriculture sont
interrompus.
Elle prétend que la sentence de la maîtrise des eaux et forêts a été rendue sur de faux
exposés ; que son exécution est physiquement impossible ; que le niveau de la rivière
était susceptible de s'élever et de s'abaisser suivant l'abondance des eaux et suivant
que les meuniers lèvent ou baissent les vannes de leurs moulins. Il est impossible
que l'eau des routoirs, lorsqu'elle est plus élevée que celle de la rivière, ne reflue pas,
et qu'ils se trouvent ainsi en contravention par des cir- [circonstances]
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