trois fermiers généraux d'y avoir provoqué le ministre pour favoriser leur famille et 
leurs amis.

Mais personne ne porta plus loin ces abus que M. l'abbé Terray. Cinquante-cinq 
places ont été grevées de croupes ou de pensions, et on assure que dans le nombre 
des cinq places ; deux ont acheté cette exemption à prix d'argent. Quoi qu'il en soit ; il 
en résulte les plus grands inconvénients :

1° La plupart de ceux qui ont obtenu des croupes ; n'étant pas en état de faire des 
fonds, ont été obligés de faire des traités avec des notaires ou autres particuliers ; et 
toute l'administration des fermes a été rendue publique ;

2° Lorsque des circonstances particulières ont obligé les fermiers généraux de 
suspendre le payement de leurs intérêts et droits de présence, la foule des croupiers 
et sous-croupiers, qui ont, attendu cette ressource pour remplir leurs engagements, a 
été obligée de recourir à des expédients de toute espèce. Les récépissés des 
receveurs généraux des fermes ont été mis sur la place et négociés à perte. Ces 
spéculations forcées ont jeté un discrédit dont les titulaires ont éprouvé le 
désagrément et le danger ;

3° Plusieurs titulaires ; avant versé leur portion de fonds ; ont été arrêtés dans leur 
conversion par le retard des croupiers. La Ferme générale ; privée d'un fonds 
nécessaire à ses avances, aurait été exposée à manquer à son service, si elle n'avait 
pas pris les précautions de retarder ses approvisionnements de tabac ; et ce retard lui 
a coûté plus de 1,800,000 livres par le surenchérissement des matières occasionné 
par la révolution des colonies anglaises de l'Amérique septentrionale ;

4° La difficulté qu'ont éprouvée quelques croupiers de se procurer des fonds les a 
engagés à faire des sacrifices qui ont maintenu l'intérêt de l'argent au-dessus de son 
cours naturel en multipliant les demandes.

Il faut cependant convenir qu'indépendamment des frais étrangers à la perception des 
droits ; il est encore possible de faire une économie considérable sur les frais de 
régie ; qu'on peut la porter au moins à