CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
SUR LA NATURE DES ACIDES
ET
SUR LES PRINCIPES DONT ILS SONT COMPOSÉS (1).
Lorsque les anciens chimistes avaient réduit un corps en huile, en sel, en terre et en
eau, ils croyaient avoir atteint les bornes de l’analyse chimique, et, en conséquence,
ils avaient donné au sel et à l’huile le nom de principes des corps.
A mesure que l’art fit de nouveaux progrès, les chimistes qui leur succédèrent
s’aperçurent que les substances qu’ils avaient regardées comme principes étaient
encore susceptibles de décomposition, et ils reconnurent successivement que tous
les sels neutres, par exemple, étaient formés par la réunion de deux substances, d’un
acide quelconque et d’une base saline, terreuse et métallique.
De là, toute la théorie des sels neutres, qui fixe l’attention des chimistes depuis plus
d’un siècle, et qui se trouve aujourd’hui tellement perfectionnée, qu’on peut la
regarder comme la partie la plus certaine et la plus complète de la chimie.
D’après cet état où la science chimique cous est transmise, il nous reste à faire, sur
les principes constituants des sels neutres, ce que les chimistes, nos
prédécesseurs, ont fait sur les sels neutres eux-mêmes, à attaquer les acides et les
bases, et à reculer encore d’un degré les bornes de l’analyse chimique en ce genre.
(1) Présenté le 5 septembre 1777, lu le 23 novembre 1779. (Mémoires de
l’Académie des sciences, année 1778.)
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