MÉMOIRE
DANS LEQUEL ON A POUR OBJET DE PROUVER
QUE L’EAU N’EST POINT UNE SUBSTANCE SIMPLE,
UN ÉLÉMENT PROPREMENT DIT,
MAIS QU’ELLE EST SUSCEPTIBLE DE DÉCOMPOSITION
ET DE RECOMPOSITION (1).
Y a-t-il plusieurs espèces d’airs inflammables ? ou bien celui que nous obtenons est-
il toujours le même, plus ou moins mélangé, plus on moins altéré par l’union de
différentes substances qu’il est susceptible de dissoudre ? C’est une question que je
n’entreprendrai pas de résoudre dans ce moment ; il me suffira de dire que l’air
inflammable dont j’entends parler dans ce mémoire est celui qu’on obtient, soit de la
décomposition de l’eau par le fer seul, soit de la dissolution du fer et du zinc dans les
acides vitriolique et marin ; que, comme il paraît prouvé que, dans tous les cas, cet air
vient originairement de l’eau, je l’appellerai, lorsqu’il se présentera dans l’état
aériforme, air inflammable aqueux, et, lorsqu’il sera engagé dans quelque
combinaison, principe inflammable aqueux. La suite de ce mémoire éclaircira
ce que ce premier énoncé peut présenter d’obscur. Cet air pèse douze fois et demie
moins que l’air commun, lorsqu’il est porté au dernier degré de pureté dont il est
susceptible ; c’est au moins ce qui résulte des expériences que nous avons faites en
commun, M. Meusnier et moi, et qui sont imprimées dans ce volume ; mais il est
souvent mêlé d’air fixe ou acide charbonneux, dont il est difficile de séparer les
dernières portions ; plus souvent
(1) Ce mémoire a été lu à la rentrée publique de la Saint-Martin 1783 ; depuis, on y a
fait quelques additions relatives au travail fait en commun avec M. Meusnier, sur le
même objet. (Mémoires de l’Académie des sciences, année 1781, p. 468.)
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