CHAPITRE PREMIER.
DU FLUIDE ÉLASTIQUE DÉSIGNÉ SOUS LE NON DE SPIRITUS SILVESTRE
JUSQU'À PARACELSE, ET SOUS LE NOM DE GAS, PAR VAN HELMONT.
Les différents auteurs qui ont parlé, avant Paracelse, de la substance élastique qui se
dégage des corps, pendant la combustion, pendant la fermentation et pendant les
effervescences, ne paraissent pas s'être formé des idées bien nettes de sa nature et
de ses propriétés : ils font désigné sous le nom de spiritus silvestre, esprit
sauvage.
Paracelse et quelques auteurs contemporains ont pensé que cette substance n'était
autre chose que l'air même, tel que celui que nous respirons ; mais on ne voit pas
que cette opinion se trouve appuyée chez eux par aucune preuve, encore moins par
des expériences. Van Helmont, disciple de Paracelse, et souvent son contradicteur,
paraît être le premier qui se soit proposé de faire des recherches suivies sur la nature
de cette substance : il lui donne le nom de gas (1), gas silvestre (2), et il la définit un
esprit, une vapeur incoercible, qui ne peut ni se rassembler dans des vases, ni se
réduire sous forme visible. Il observe que quelques corps se résolvent presque
entièrement en cette substance : “ non pas, ajoute-t-il, quelle fût en effet contenue
sous cette forme dans le corps dont elle se dégage ; autrement rien ne pourrait la
retenir, et elle en dissiperait toutes les parties ; mais elle y est contenue sous forme
concrète, comme fixée, comme coagulée. ” Cette substance, d'après les expériences
de Van Helmont, se dégage
(1) Gas vient du mot hollandais ghoast qui signifie esprit. Les
Anglais expriment la même idée par le mot ghost, et les Allemands par le mot
Geist, qui se prononce Gaiste. Ces mots ont trop de rapport avec celui
de gas, pour qu'on puisse douter qu’ il ne leur doive son origine.
(2) Complexionum atque mixtionum elementalium figmentum, n° 13, 14 et
suivants.
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