fluide devait également se transformer en gaz en l'exposant à un degré de chaleur
supérieur à celui qui le fait bouillir ; mais, quoique convaincus de cette vérité, nous
avons cru cependant, M.de Laplace et moi, devoir la confirmer par une expérience
directe, et en voici le résultat. Nous avons rempli de mercure une jarre de verre A
(pl. VII, fig.5), dont l'ouverture était retournée en en-bas, et nous avons passé
dessous une soucoupe B, également remplie de mercure. Nous avons
introduit dans cette jarre environ 2 gros d'eau, qui ont gagné le haut cd de la jarre, et
qui se sont rangés au-dessus de la surface du mercure ; puis nous avons plongé le
tout dans une grande chaudière de fer EFGH, placée sur un fourneau GHIK
; cette chaudière était remplie d'eau salée en ébullition, dont la température
excédait 85 degrés du thermomètre ; on sait, en effet, que l'eau chargée de sel est
susceptible de prendre un degré de chaleur supérieur de plusieurs degrés à celui de
l'eau bouillante. Dès que les 2 gros d'eau placés dans la partie supérieure cd de la
jarre ou du tube ont eu atteint la température de 80 degrés ou environ, ils sont entrés
en ébullition, et, au lieu d'occuper, comme ils le faisaient, le petit espace ACD,
ils se sont convertis en un fluide aériforme qui fa remplie tout entière ; le mercure est
même descendu un peu au-dessous de son niveau, et la jarre aurait été renversée, si
elle n'avait été très-épaisse, par conséquent fort pesante, et si elle n'avait d'ailleurs été
assujettie à la soucoupe par du fil de fer. Sitôt qu'on retirait la jarre du bain d'eau
salée, l'eau se condensait et le mercure remontait ; mais elle reprenait l'état aériforme
quelques instants après que l'appareil avait été replongé.
Voilà donc un certain nombre de substances qui se transforment eu un fluide
aériforme à des degrés de chaleur très-voisins de ceux dans lesquels nous vivons.
Nous verrons bientôt qu'il en est d'autres, tels que l'acide marin ou muriatique, l'alcali
volatil ou ammoniaque, l'acide carbonique ou air fixe, l'acide sulfureux, etc. qui
demeurent constamment dans l'état aériforme, au degré habituel de chaleur et, de
pression de l'atmosphère.
Tous ces faits particuliers, dont il me serait facile de multiplier les
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