RÉFLEXIONS
SUR LE PHLOGISTIQUE,
POUR SERVIR DE SUITE À LA THÉORIE DE LA COMBUSTION ET DE LA
CALCINATION,
PUBLIÉE EN 1777 (1).
Dans la suite des mémoires que j’ai communiqués à l’Académie, j’ai passé en revue
les principaux phénomènes de la chimie ; j’ai insisté sur ceux qui accompagnent la
combustion, la calcination des métaux, et, en général, toutes les opérations où il y a
absorption et fixation d’air. J’ai déduit toutes les explications d’un principe simple,
c’est que l’air pur, l’air vital, est composé d’un principe particulier qui lui est propre, qui
en forme la base, et que j’ai nommé principe oxygine, combiné avec la matière
du feu et de la chaleur. Ce principe une fois admis, les principales difficultés de la
chimie ont paru s’évanouir et se dissiper, et tous les phénomènes se sont expliqués
avec une étonnante simplicité.
Mais si tout s’explique en chimie d’une manière satisfaisante sans le secours du
phlogistique, il est par cela seul infiniment probable que ce principe n’existe pas ; que
c’est un être hypothétique, une supposition
gratuite ; et, en effet, il est dans les principes d’une bonne logique de ne point
multiplier les êtres sans nécessité. Peut-être aurais-je pu m’en tenir à ces preuves
négatives, et me contenter d’avoir prouvé qu’on rend mieux compte des phénomènes
sans phlogistique qu’avec le phlogistique ; mais il est temps que je m’explique d’une
manière plus précise et plus formelle sur une opinion que je regarde comme une
erreur funeste à la chimie, et qui me paraît en avoir retardé
(1) Mémoires de l’Académie des sciences, année 1783, p. 505.
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