SUR LE CHARBON (1).

On donne ce nom à une substance combustible noire qui reste de la distillation du 
bois, et en général des végétaux, ou bien qu'on en retire en les brûlant à l'air libre, et 
en arrêtant la combustion par suffocation. Le charbon peut être considéré 
chimiquement et sous ce point de vue, on peut examiner la nature par l'analyse et par 
la voie des combinaisons. Il peut être considéré comme un moyen d'alimenter le feu, 
et, sous ce point de vue, il est un instrument essentiel dans presque tous les arts 
économiques ; enfin nous aurons à considérer plus particulièrement le charbon 
comme un ingrédient de la poudre. Ces trois points de vue formeront la division 
naturelle de cet article.

DU CHARBON CONSIDÉRÉ CHIMIQUEMENT.

Les chimistes du commencement de ce siècle n'avaient pas des idées bien précises 
sur la nature du charbon ; ils le regardaient comme un composé de phlogistique et de 
terre, et comme ils ne définissaient pas rigoureusement le phlogistique, le vague des 
idées qu'ils s'étaient formées sur la nature de ce principe s'étendait nécessairement 
au charbon. Les expériences modernes ne permettent plus de douter que le charbon 
ne soit un des principes des corps et qu'il n'entre en nature

(1) Manuscrit autographe (1793). – Cet article et l'article Détonation devaient faire 
partie du Dictionnaire d'artillerie de l'Encyclopédie méthodique, dont la rédaction 
était confiée à M. de Pommereul, et qui n'a jamais été publié. Lavoisier s'était chargé 
de tous ce qui concerne les poudres et salpêtres ; il devait en rédiger une partie et 
confier la rédaction des autres articles à divers chimistes. (Note de l'Éditeur.)