bouchure d'un fort soufflet à trombe. L'air rafraîchit la surface à l'endroit où il la touche ;
la litharge se fige et est chassée par la force du vent, jusqu'à l'extrémité opposée du
fourneau, où elle enfile une rigole pratiquée à cet effet dans la cendre ; tout le plomb
passe ainsi successivement en litharge, après quoi il ne reste plus que de l'argent
pur dont on accélère le refroidissement en jetant de l'eau dans le fourneau. Ce même
argent est affiné de nouveau par le moyen d'une seconde coupelle beaucoup plus
petite, mais en tout semblable à la première dont l'objet est de le dépouiller des
dernières portions de plomb qui pourraient y rester unies. Enfin, il est refondu une
dernière fois dans un creuset, coulé en lingots, et marqué de la marque de la fabrique.
D'un autre côté la litharge qui a été séparée d'avec l'argent par l'affinage est mêlée
avec du charbon de bois et placée dans un fourneau à réverbère. On allume un feu de
bois aux deux extrémités du fourneau ; la flamme est réverbérée sur la litharge, elle
l'échauffe et la fond, et comme cette dernière rencontre du charbon qui lui rend le
phlogistique, elle reprend la forme métallique et se rétablit en plomb qui coule et se
rassemble dans la partie basse du fourneau. Il est ensuite coulé en saumons de la
même manière que ci-dessus.
Monseigneur le duc de Chartres a été occupé deux jours entiers du détail de ces
travaux. Il n'est pas un atelier qu'il n'ait visité, pas une opération qui n'ait été faite sous
ses yeux : partout il a voulu connaître l'objet et les moyens d'exécution. Enfin, on a été
étonné de le voir sortir des mines plus instruit que la plupart de ceux qui en font leur
occupation capitale.
Monseigneur le duc de Chartres fut distrait un instant le 10 au soir de ce travail par un
spectacle singulier et d'autant plus piquant qu'il retrace le tableau des mœurs
antiques. Les paysans de basse Bretagne sont dans l'usage, dans les occasions
importantes et lorsqu'ils veulent donner des marques particulières de respect et de
déférence, de se rassembler pour célébrer des jeux, tels que ceux que nous décrit
Homère. Ces jeux consistent principalement dans des luttes, où se
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