le mercure, le plomb et le fer en fournissent des exemples. Ces métaux forment, avec
l’air éminemment respirable, des chaux d’un beau rouge, la première, connue sous le
nom de mercure précipité per se ou de mercure précipité rouge ; la
seconde, sous le nom de minium ; enfin la troisième, sous le nom de
colcotar. Les mêmes effets, les mêmes phénomènes se retrouvent, comme on
vient de le voir, et dans la calcination des métaux et dans la respiration des animaux ;
toutes les circonstances sont les mêmes, jusqu’à la couleur des résidus : ne pourrait-
on pas en induire que la couleur rouge du sang est due à la combinaison de l’air
éminemment respirable, ou plus exactement, comme je le ferai voir dans un prochain
mémoire, à la combinaison de la base de l’air éminemment respirable avec une
liqueur animale, de la même manière que la couleur rouge du mercure précipité
rouge et du minium est due à la combinaison de la base de ce même air avec une
substance métallique ? Quoique M. Cigna, M. Priestley et les auteurs modernes qui
se sont occupés de cet objet, n’aient point tiré cette conséquence, j’ose dire qu’il n’est
presque aucune de leurs expériences qui ne paraisse tendre à l’établir. En effet, ils
ont prouvé, et surtout M. Priestley, que le sang n’est rouge et vermeil qu’autant qu’il est
continuellement en contact avec l’air de l’atmosphère ou avec l’air éminemment
respirable ; qu’il devient noir dans l’acide crayeux aériforme, dans l’air nitreux, dans
l’air inflammable, dans tous les airs qui ne sont point respirables, dans le vide de la
machine pneumatique ; qu’il reprend, au contraire, sa couleur rouge lorsqu’on le met
de nouveau en contact avec l’air, et surtout avec l’air éminemment respirable ; que
cette restitution de couleur est constamment accompagnée d’une diminution dans le
volume de l’air : or ne résulte-t-il pas de tous ces faits que l’air éminemment
respirable a la propriété de se combiner avec le sang, et que c’est cette combinaison
qui constitue sa couleur rouge. Au surplus, quelle que soit celle de ces deux opinions
qu’on embrasse, soit que la portion respirable de l’air se combine avec le sang, soit
qu’elle se change en acide crayeux aériforme en passant par le poumon ; soit enfin,
comme je serais assez porté à le croire, que l’un et l’autre de ces effets aient lieu
pendant
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